«Сонеты из ларца»

в разделе
"Divers Fond Ballads"

O Dieux, ayez de moy compassion,
Et m'enseignez quelle preuve certaine
Je puis donner, qui ne luy semble vaine,
De mon amour & ferme affection.
Las! n'est-il pas ja en possession
Du corps, du coeur, qui ne refuse peine,
Ny deshoneur en la vie incertaine,
Offence de parensm ne pire afflicion?
Pour luy tous luy & nom & conscience.
Je veux pour luy au monde renoncer,
Je veux mourir pour le faire avancer:
Que reste plus pour prouver ma constance?
Entre ses mains, & en son plain pouvoir,

Je mets mon fils, mon honneur, & ma vie,
Mon pais, mes subjets, mon ame assubjettie
Est toute a luy, & n'ay autre vouloir
Pour mon objet, que sans le decevoir
Suivre je veux, malgre toute l'envie
Qu'issir en peut, cart je n'ay autre envie,
Que de ma foy luy faire appercevior:
Que pour tempteste, ou banasse qu'il face,
Jamais ne veut changer demuere ou place.
Bref, je feray de ma foy telle preuve,
Qu'il cognoistra, sans faute, ma constance;
Non par mes pleurs, ou feinte obeissance,
Comme autres ont fait, mais par divers espreuve.
Elle pour son honneur vous doit obeissance:

Moy vous obeissant, j'en puis recevoir blasme,
N'estant, a mon regret, comme elle, vostre femme;
Et si n'aura pourtant en ce point preminence.
Pour son profit elle use de constance,
Car ce n'est peu d'honneur d'estre de vost biens dame:
Et moy, pour vous aimer, j'en puis recevoir blasme,
Et ne luy vostre mal n'a l'apprehension,
Moy je n'ay nul repos, tant je crain l'apparence.
Par l'advis des parens elle eut vostre accointance;
Moy, malgre tous les miens, vous porte affection.
Et de sa loyaute prenez ferme asseurance.
Par vous, mon coeur, & par vostre alliance,
Elle a remis sa maison en honeur,
Ele a jouy par vous de la grandeur,

Dont tous les siens n'avoient nulle asseurance.
De vous, mon bien, elle a eu la constance,
Et a gaigne pour un temps vostre coeur,
Par vous elle a eu plaisir en bon heur,
Et pour vous a honneur & reverence,
Et n'a perdu sinon la jouissance,
D'un fasheux sot qu;elle avoit cherement.
Je ne la plain d'aimer donc ardement
Celuy qui n'a en sens, n'y en vaillance,
Ny en beaute, en bonte, ny constance,
Point de second. Je vy ceste foy.
Quant vous l'aimiez, elle usoit de froideur,
Si vous souffrier pour s'amour passion,
Qui vient d'aimer de trop d'affection,

Son doigt monstroit la tristesse du coeur.
N'aiant plaisir en vostre grand ardeur.
En ses habits monstroit sans fiction,
Qu'elle n'avoir paour, qu' imperfection
Peust l'effacer hors de ce loyal coeur.
De vostre mort je ne vis la peaur,
Que meritoit tel mary & seigneur.
Somme de vous elle a eu tout son bien,
Et n'a prise ne jamais estime,
Une si grand heur, sinon puis qu'il n'est sien,
Et maintenant dit l'avoir tant aime.
Et maintenant elle commence a voir,
Qu'elle estoit bien de mauvais jugement,
De n'estimer l'amour d'un tell amant,

Et voudroit bein mon amy decevoir
Par les ecrits tous fardez de scavoir,
Qui pourtanta n'est en son esprit croissant,
Ains emprunte de quelque auteur luisant,
A faint tres bein un envoy sans l'avoir.
Et toutes fois ses paroles fardeez,
Ses pleurs, ses plaincts remplus de fictions,
Et ses hautz cris & lamentations,
Ont tant gaigne, que par vous sont gardeez,
Ses lettres, escrites, ausquels vous donnez foy,
Et si l'aimez, & croiez plus que moy.
Vous la croyez, las! trop je l'appercoy,
Et vous doutez de ma ferme constance,
O mon seul bien, & ma seule esperance,

Et ne vous puis asseurer de ma foy.
Vous m'estimez legiere, que je voy,
Et si n'avez en moy nulle asseurance,
Et soupconnez mon coeur sans apparence,
Vous meffiant a trop grand tort de moy.
Vous ignorez l'amour que je vous porte.
Vous soupconnez qu'autre amour me transporte.
Vous estimez mes paroles du vent.
Vous despeignez de cire mon las coeur.
Vous me pensez femme sans jugement;
Et tout cela augmente mon ardeur.
Mon amour croist, & plus en plus croistra,
Tant que vivray, & teindray a grandheur
Tant seulement d'avoir part en ce coeur,

Vers qui enfin mon amour paroistra
Si tres clair, que jamais n'en doutera.
Pour luy je veux recercher la grandeur,
Et feray tant que de vrary congnoistra
Que je n'ay bien, heur, ne contentment,
Qu'a l'obeir & servir loyaument.
Pour luy j'attendz toute bonne fortune,
Pour luy je veux garder sante & vie,
Pour luy tout vertu de suivre j'ay envie,
Et sans changer me trouvera tout une.
Pour luy aussie j'ay jetter mainte larme,
Premier qu'il fust de ce corps possesseur,
Duquel alors il n'avoit pas le coeur.
Puis me donna un autre dur alarme,

Quand il versa de son sang mainte dragme,
Dont de grief me vint laisser douleur,
Qui m'en pensa oster la vie & frayeur,
De perdre, las! le seul pourvoir de bonheur.
Por luy j'ay hazarde grandeur & conscience,
Pour luy tous mes parens J'ay quitte & amis,
Et tous autres respectz sont a part mis,
Brief, de vous seul je cherche l'alliance.
De vous, je dis, seul soustien de ma vie,
Tant seulement je cerche m'asseurer;
Et si ose de moy tant presumer,
De vous gaigner maugre toute l'envie:
Car c'est le seul desir de vostre chere amie,
De vous servir, & loyaument aimer,

Et tous malheurs moins que que rien estimer,
Et vostre volonte de la mienne suivre
Vous cognoistrez aveques obeissance,
De mon loyal devoir n'obmettant la science,
A quoy J'estudiray pour tousjours vous complaire,
Sans aimer rien que vous, soubs la subjection
De qui je veux san nulle fiction,
Vivre & mourir; & a ce j'obtempere.
Mon coeur, mon sang, mon ame, & mon soucy,
Las! vous m'avez promis qu'aurons ce plaisir
De deviser aveques vous a loiser,
Toute la nuict, ou je languis icy,
Ayant le coeur d' extreme paour transy,
Pour voir absent le but de mon desir.

Crainte d'oublir un coup me vient saisir,
Et l'autre fois je crains que endurci
Soit contre moy vostre aimable coeur,
Oar quelque dit d'un meschant rapporteur:
Une autre fois je crain quelque aventure,
Qui par chemin destourne mon amant,
Par un fasheux, & nouveau accidnet:
Dieu destourne tout malheurx augure.
Ne vous voyant selon qu'avez priomis,
J'ay mis la main au papier pour escrire,
D'un different que j'ay voulu transcrire.
Je ne scay pay quel fera vostre advis;
Mais je scay bien qui mieux aimer scaura,
Vous diriez bien qui plus y gaignera.

Использованные источники: 
Herbert Gorman, «The Scottish Queen», Farrar & Rinehart Inc, 1932.